Pistouvi est un jeune renard qui vit dans une maison de bois, construite dans les branches d'un arbre, avec une jeune fille blonde, Jeanne. On ne sait pas comment l'animal et l'adolescente en sont venus à cohabiter ainsi mais, en dépit de diverses chamailleries, ils se parlent et s'apprécient. Autour d'eux, c'est une grande région de champs moissonnés par un homme-tracteur bougon, des zones marécageuses fréquentées par des oiseaux qui ne produisent pas les sons que font d'usage les volatiles («blu blulu», «pastelalon… rull», ce genre), et sillonnées en tous sens par une créature diaphane aux allures de fée mais au nom masculin : le vent. L'album tient à la fois du conte enfantin et du cauchemar kafkaïen. Le récit n'avance pas de manière linéaire, il est coupé d'ellipses et sa progression organise en traître le passage de niveau entre la légèreté et l'angoisse, le ciel radieux et l'horizon mort.
Syncopes. D'ailleurs, Pistouvi, le petit renard qui ne pense qu'à manger et s'ennuie ferme, déteste les oiseaux ; il ne faut pas qu'il leur parle s'il ne veut pas déclencher un horrible processus de métamorphose. Le scénario est signé Merwan qui est connu notamment pour son travail avec Bastien Vivès (Pour l'empire) et qui vient de publier par ailleurs (toujours chez Dargaud) le Bel âge, qu'il a écrit et dessiné. Venu de l'animation, fortement influencé par l'univers des mangas japonais, Bertrand Gatignol a assuré l'illustration du r