Dans Calvin et Hobbes, la célèbre BD de Bill Watterson, Calvin, un gamin, passe ses après-midi à jouer avec un tigre en peluche qu'il considère comme vivant. Ensemble, ils vivent de grandes aventures épiques. Joshua Cotter reprend la même idée dans les Gratte-ciel du Midwest, roman graphique noir et blanc paru en 2005, plusieurs fois récompensé, et traduit chez Çà et là, maison à qui l'on doit aussi l'excellent Elmer de Gerry Alanguilan. Sauf que si la vie n'est que bonheur (et volupté du lecteur dominical) dans Calvin et Hobbes, Cotter décrit quant à lui un garçon un peu enrobé (son alter ego), triste et maltraité par ses camarades au fin fond de l'Amérique rurale. Son jouet fétiche est Nova furtif, un robot, dont il aimerait bien qu'il vienne le défendre et écraser la tête du capitaine de l'équipe de foot, qui ne le sélectionne pas.
Né en 1977 dans le Missouri, élevé dans une ferme, l'auteur raconte un monde hostile. La grand-mère décède, le père est inutilement dur et les chats se font écraser par des tracteurs. Fausses publicités à la fin des chapitres, grosses têtes et larges sourires, le style faussement naïf contribue à mettre mal à l'aise. La relation est très forte entre le jeune ado et son petit frère qui, lui aussi, possède une peluche vivante, un tyrannosaure baptisé Rex. Tandis que souffrance et enfermement sont le lot du héros, le petit frère vit dans un monde encore idéal grâce à l'insouciance de son jeune âge. Du coup, il ne