Peut-on voyager en Pologne sans se rendre à Auschwitz ? C'est la question que pose le livre de Jérémie Dres, qui fait de cette esquive un «manifeste», le point de départ d'une réflexion sur l'héritage, le passé et le présent d'une famille, d'un pays et d'une culture. Dans Nous n'irons pas voir Auschwitz, mi-reportage, mi-journal de bord, ce Parisien trentenaire, par ailleurs concepteur d'installations vidéo, raconte le voyage qu'il a effectué avec son frère sur les traces de leur passé. «Je viens d'une famille juive de Pologne qui est partie pour la France entre les années 1920 et 1930. Mais cette histoire est devenue un tabou. Mes grands-parents n'en parlaient pas et personne n'était retourné là-bas depuis toutes ces années. Lorsque j'ai décidé d'y aller, mon père m'a dit : "Méfie-toi des Polacks." Sa génération est encore traumatisée par la guerre.» De ce constat, Jérémie Dres fait une aventure légère et touchante, curieuse de la Pologne d'aujourd'hui. Laissant de côté le poids de l'histoire, son frère et lui décident de ne pas «perpétuer», d'être plutôt «les descendants».
Parallèle. Cette question du déséquilibre entre passé et présent du pays martyr, les voyageurs se la posent peu en atterrissant en Pologne. «Pour beaucoup, regrette Jérémie Dres, le voyage se résume à un bus qui les emmène de l'aéroport aux camps. C'est le reste que je suis allé chercher.» Et de faire un sobre parallèle avec l