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Libération
Critique

Histoire. Sur les thraces de Spartacus

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publié le 4 février 2012 à 0h00

Eternel combattant de la liberté, Che Guevara ou Robin des Bois, figure christique ou hollywoodienne… Deux mille ans après son épopée, Spartacus fascine toujours. La révolte de ce gladiateur thrace dura moins de deux ans, mais elle fit trembler Rome et la traumatisa pour des décennies.

Débutée avec l’évasion de quelques gladiateurs d’un centre d’entraînement, la rébellion va bientôt fédérer des dizaines de milliers d’hommes, anciens esclaves ou paysans pauvres, qui vont déferler dans les campagnes romaines, pillant, massacrant sur leur passage, et battant à plusieurs reprises des légions romaines qui les ont longtemps sous-estimés. Une aventure qui se terminera par la mort de presque tous les mutins, égorgés ou crucifiés pour l’exemple.

Si les sources manquent pour retracer les détails de l’aventure ou faire le portrait psychologique de Spartacus, l’historien Eric Teyssier réussit à éviter les pièges de la relecture romantique - notamment cette république idéale installée dans le sud de l’Italie durant l’hiver 73 et qui fut décrite par maints auteurs comme un mélange de kibboutz utopique et de rêves bolcheviques.

Le livre nous plonge au contraire dans une Italie extrêmement dure, loin des tableaux bucoliques des auteurs latins. Un monde régi par la brutalité et la mort, où l’esclavage représente la pierre angulaire de la société et où la gladiature, après des débuts religieux symboliques (affrontement rituel à l’occasion de funérailles), s’est transformée en une sorte d’immense