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Libération

Rue des Martyrs

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publié le 9 février 2012 à 0h00

Avoir une rue à son nom à Paris, quel bonheur ! Bonheur généralement posthume, hélas, si l’on ne s’appelle pas Victor Hugo - lequel habita «en son avenue» les dernières années de sa vie. Et bonheur de plus en plus relatif car, de nos jours, on va loger les écrivains morts dans des endroits vraiment improbables.

En début de semaine, les élus du Conseil de Paris ont voté la création d'une place Alexandre-Soljenitsyne qui se réduit… à un jardin situé sur le terre-plein central de la porte Maillot, un des pires no man's land de la capitale. L'an dernier était inaugurée une place Louis-Aragon à l'extrémité occidentale de l'Ile Saint-Louis, juste sous les fenêtres d'Aurélien (le héros du roman éponyme) : ce n'est pas le coin le plus désagréable de Paris, mais il est tellement minuscule que les sites de cartographie en ligne l'ignorent purement et simplement. Comme d'ailleurs ils ignorent la place Mahmoud-Darwich, créée sur le quai Malaquais, en 2010, pour honorer la mémoire du poète palestinien. Google Maps et consorts ne savent guère plus qu'existe, depuis 2006, une place Theodor-Herzl (écrivain fondateur du mouvement sioniste) dans le IIIe arrondissement, lieu quasi virtuel à l'intersection des rues Turbigo et Réaumur. On se demande dans quel recoin sombre et pisseux serait casé Hervé Guibert si le Conseil de Paris accédait à la demande de l'élu UMP Thierry Coudert de donner son nom à un lieu de la capitale.

Il faut admettre que la distribution des plaques était plus si