«Etrange», «incroyable», «inéluctable»… L'historien Claude Quétel a visiblement hésité dans le choix des qualificatifs à donner à la défaite de 1940, qui vit en six semaines l'armée française se faire déborder par la Wehrmacht d'Adolf Hitler. Il a fini par choisir l'adjectif «impardonnable», tant pour lui le réquisitoire est sans appel.
Du traité de Versailles, qui au lendemain de la Grande Guerre humilia et abaissa l'Allemagne sans pour autant garantir la sécurité de ses voisins, à la nullité de l'état-major français en passant par le pacifisme des années 30, les erreurs ou les arrière-pensées de la classe politique - «plutôt Hitler que Blum», pensaient certains à droite -, l'auteur dresse un tableau sans complaisance de la France de la première moitié du XXe siècle.
Si l’on ajoute à cette liste déjà longue les mauvais choix stratégiques - ah, cette ligne Maginot qui s’arrêtait avant la Belgique, pays neutre… -, les erreurs tactiques pendant l’invasion, comme la dispersion des blindés ou de l’aviation, et enfin la trahison des chefs militaires Pétain (84 ans) et Weygand (73 ans), on comprend que la partie était perdue d’avance.
Au bout du compte, une défaite honteuse et meurtrière (92 000 soldats français tués, 1,8 million de prisonniers), et en effet impardonnable dans la mesure où elle offrit à l’Allemagne tout le continent européen, ouvrit la voie à la collaboration et permit aux nazis de mettre en œuvre sans opposition pendant quatre a