On croyait avoir tout lu sur la crise économique et financière. Il manquait une analyse présentant le double intérêt d’être, d’une part, un outil de compréhension et, d’autre part, dont la lecture serait ancrée dans l’actualité du moment. L’économiste Michel Aglietta, auteur attentif de l’envers économique de nos sociétés, rempli ce pari.
Dans son ouvrage Zone euro: éclatement ou fédération, il pose dix questions qu'il transforme en autant de chapitres. Une construction originale puisqu'il s'agit de faire un constat pour aussitôt s'interroger. Un exemple ? «Le projet d'union monétaire a été décidé il y a vingt ans et institué par le traité de Maastricht. Quelles étaient les failles cachées de cette construction originale qui rendaient la zone euro vulnérable aux désordres financiers mondiaux ?»
Aucune des dix questions posées par l'auteur ne s'éloigne d'une certaine date, celle du 9 décembre 2011, lorsque l'Europe introduit un début de gouvernance commune s'exprimant dans l'ambition de construire une «union budgétaire». Ce sont les conclusions de ce sommet que l'on retrouve tout au long des chapitres : l'accord du 9 décembre marque une stricte limitation des souverainetés nationales dans la gestion des finances publiques, sans répondre aux déficiences structurelles dont souffre la zone euro.
L’auteur montre enfin pourquoi cet accord est un diktat allemand, reposant sur une erreur de diagnostic qui ne cesse de se perpétuer. Sans surprise, mais avec une