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Libération

Gazouillis, de Jauffret

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publié le 16 février 2012 à 0h00

Ces douze derniers mois, Régis Jauffret a émis 513 tweets (chiffre arrêté ce dimanche). Est-ce une œuvre qui s'écrit, corollaire de l'autre ? Est-ce un épitexte que la théorie littéraire creusera lorsque l'auteur de Claustria sera définitivement installé entre quatre planches ? Le 27 février 2011, @regisjauffret lance à la ville et au monde : «Sarkozy rime avec jacuzzi.» Le 6 mars, il note : «Ce que c'est ennuyeux, la nuit, quand on regarde la télé seul chez soi en buvant du lait.» Le 16 mars : «Il y a trop de doigts dans les gants.»

Peu d'écrivains tweetent. Ils ont probablement autre chose à faire. Pourquoi tweete-t-on ? Pour dire j'existe, je pense, je m'emmerde, j'ai un bouquin qui sort, je viens d'avoir une pensée fulgurante, je suis important, je viens de faire un étron incroyablement long, j'ai une signature aux Cahiers de Colette dans trois jours, je viens de lever une nana pas croyable les gars, j'ai perdu un pari à la con, et maintenant je dois pondre chaque jour un haïku débile jusqu'à mes 90 ans. Le 19 mars, @regisjauffret se demande : «Combien de mongoliens dans mon sperme ?»

Claude Simon et Julien Gracq n'auraient sans doute pas tweeté, mais imaginons. @claudesimon : «La Route des Flandres est plus longue que la nationale 7 #macadam.» @juliengracq : «Les disques de David Guetta sont introuvables à Saint-Florent #FF @yobabyyo.» Non, tout bien réfléchi, ils n'auraient pas tweeté.

Il est possible que Régi