Avec le dernier livre de Jacques Attali, vous pouvez vous exercer ou jouer au «pilpoul», cette belle gymnastique intellectuelle née dans la tradition juive, vers l’an 1500, en Pologne. Défendre une thèse, puis plaider son exact opposé, avec la même rigueur, la même éloquence, la même puissance. Effrayés par les vertiges de la rhétorique déployée par de jeunes étudiants zélés, certains rabbins avaient tenté de l’interdire. Attali la laïcise, en quelque sorte, et propose un pilpoul moderne, solidement ancré dans notre temporel le plus immédiat, celui de la campagne présidentielle.
Notre auteur, prolifique - il s'agit de son 56e ouvrage -, a identifié 153 questions, toutes ayant, à des degrés divers, un impact direct sur le modèle social de la France, son identité, sa démocratie, son rapport au monde. A chaque question correspondent deux - et deux seules - options contradictoires, au risque de paraître parfois lapidaire, sinon simpliste. L'auteur ne tranche jamais mais livre les pièces, les chiffres, les comparaisons, les enjeux qui permettent à chacun de se construire un avis. «A vous de choisir la France», conclut-il avec un brin de grandiloquence.
L’ouvrage tient à la fois de l’antisèche pour aspirant au «grand oral» de l’ENA, du bréviaire pour journaliste intervieweur en mal d’inspiration et du viatique pour électeur exigeant et indécis.
Mais, au-delà de l'exercice, le livre a un double mérite. Il apporte une bouffée d'air dans une campagne où le poids des