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Libération
Interview

«C’est sans doute merveilleux de faire pleurer»

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Entretien avec l’Américain Jonathan Ames
publié le 23 février 2012 à 0h00

Assister à un cours de cunnilingus, se casser le nez, faire un discours au Club des amateurs de velours côtelé ou se prendre une biture à l'absinthe avec Marilyn Manson, voici quelques-unes des activités de Jonathan Ames. Inutile d'essayer de délier le vrai du faux : cet Américain de 47 ans met en scène un alter ego romanesque pour mieux brouiller les pistes. Ecrivain, journaliste et scénariste, c'est un auteur multifonctions. Une double vie, c'est deux fois mieux, troisième livre à paraître en France, est un recueil bordélique et réjouissant. Rencontre.

Une double vie, c’est deux fois mieux compile articles et nouvelles. Ecrivain ou journaliste ?

Ecrivain. Parfois, j'ai une activité de journaliste, mais jamais de manière traditionnelle, plutôt comme dans les sixties, à la manière de Truman Capote ou Norman Mailer. Je tenais une chronique dans un journal, The New York Press, où je racontais mes aventures à la première personne. Quand ça s'est terminé, plusieurs revues m'ont proposé de continuer. Une double vie, c'est deux fois mieux rassemble différentes commandes, des portraits de célébrités, des reportages et des textes plus personnels.

Le «Jonathan Ames» du livre, fantasme ou reflet du réel ?

C’est un fantasme. Mais il y a beaucoup de réel dans ce fantasme. Dès que vous écrivez quelque chose, cela se transforme en fantasme. Le langage déforme, il façonne la réalité. A l’arrivée, ce que je couche sur le papier est sans doute une version de moi-même, une parmi d’autres. Je prends un trait de ma personnalité, je le grossis, et je construis tout un personnage autour de ce seul aspect. C’est pour cela