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Libération
Critique

Entrelacs de Constance

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Choses vues et impressions fugaces, la dérive des objets du Suisse Peter Stamm
publié le 23 février 2012 à 0h00

Un roman, des nouvelles, un roman, des nouvelles… Depuis sa première publication en France en 2000 avec Agnès, le Suisse de langue allemande Peter Stamm alterne avec une régularité de métronome les deux genres. Après les nouvelles de Verglas, d'Etranges jardins,Comme un cuivre qui résonne, voilà donc Au-delà du lac, des histoires reliées à la région du lac de Constance, avec des incursions lointaines, à Coney Island et à Sienne. Au fil des livres, Peter Stamm, né en 1963, explore un domaine qu'il connaît de mieux en mieux, celui des histoires courtes, nées de choses vues, d'impressions fugaces, de faits divers lus dans le journal.

Feuillage. Dans «Sweet Dreams», l'amorce est l'achat d'un tire-bouchon à branches, représentant une petite fille en robe d'été, qui lève les bras et les baissent quand on ouvre la bouteille. De ces objets qui hantent les souvenirs d'enfance. L'héroïne de «Dans la forêt» pourrait très bien trouver sa place dans les colonnes société d'un quotidien. Anja, une lycéenne qui ne supporte plus sa famille, va vivre clandestinement pendant trois ans en compagnie des arbres, en cachant sa situation à ses profs et ses camarades de classe. Planquée et observant de loin, muée en animal tapi à l'orée des bois, la jeune fille fait des allers-retours entre le monde «civilisé» et celui de l'humus, des couches d'épines de pin et des dômes de feuillage.

«Ce qui la rendait si exceptionnelle, dit Anja