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Libération
Critique

L’espion qui mimait

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Daniela Tripp, proie des kiwis et d’un bernard-l’hermite, dans un feuilleton de Pierre Alferi
publié le 23 février 2012 à 0h00

Aurait-on le 06 de Pierre Alferi sous la main qu'on l'appellerait page 377 et qu'on hurlerait, désemparé : «Pourquoi des kiwis, pourquoi des litchis, pourquoi des fraises ?» Si ce n'est que, comme le prouve un des personnages de Kiwi,«roman-feuilleton», ce qu'on aime dans ce fruit ovoïde et velu, c'est son goût de fraise, avec une brise de citron. Moralité : si la consommation de kiwi baisse, celle des fraises doit augmenter.

Mais on n'en est pas là au début. A la première page, il y a un dessin d'Alferi (puis chaque chapitre en sera orné d'un) où une main tient un journal nommé Kiwi titrant en manchette : «Résumé de la situation. Rien n'arrive.» De fait, il se passe une foultitude de choses dans Kiwi, comme dans tout bon soap ou telenovela qui se respecte, des enlèvements, des échanges de bébés ou presque, des morts derrière la porte, vols (l'héroïne est kleptomane), une pointe d'hallucination mais, comme dans toute série aussi, le principe est celui de l'amnésie progressive du lecteur. Chaque phrase poussant la suivante dans les retranchements de l'irraisonnable, on ne se rappelle assez vite plus rien des détails foireux égrenés avec une jouissance sadique, sinon qu'on rigole bien tout du long. Et si les précisions s'évaporent, c'est aussi afin de donner du dessein général une vue bien nette.

Il y a 3 saisons et 54 épisodes dans Kiwi, dont les seuls résumés font pouffer. Exemple : «Soignée pour un Al