Voici le livre d’un amour déçu, trahi, blessé, mais qui refuse pourtant de s’abandonner à l’esprit de capitulation. L’auteur se surprend à espérer, au moins une fois tous les cinq ans, que tout pourrait encore s’arranger, se dénouer, se réinventer. Il veut croire à la vertu salvatrice de l’introspection, au miracle du sursaut et de la raison, à la promesse d’une terre d’élection, accessible et pas si lointaine, pour peu que chacun s’en donne encore la peine.
Ainsi va le dernier ouvrage de Roland Cayrol, «amoureux de la politique», commentateur de tous les instants, épris depuis six décennies de l'élection présidentielle et aujourd'hui affligé par les «pathologies françaises» qui la menace. Entre elle et lui, ce fut d'abord une passion de jeunesse : jeune étudiant, Cayrol est le secrétaire d'une petite organisation, le Club Jean Moulin qui, sous la houlette de Stéphane Hessel, promeut l'élection présidentielle au suffrage universel au début des années 60. Telle leur paraît alors la meilleure arme pour «casser» les appareils partisans et leurs petites combinaisons ourdies depuis l'après-guerre, dans les couloirs du Palais-Bourbon. Ils s'essaient même au coup politique en propulsant un «Monsieur X», incarné par Gaston Defferre, mais cette opération - destinée à préfigurer une candidature socialiste - tourne au fiasco.
Cinquante ans plus tard, Cayrol n'a pas varié, «il serait absurde de renoncer à ce système, le peuple a mille fois raison de ne pas vouloir ab