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Critique

Bowie, plus fort

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Comment David Jones devint un extraterrestre à poil roux
publié le 1er mars 2012 à 0h00

Fans durs-bouillis de Bowie, passez votre chemin. Haddon Hall est une fiction avec tous les risques que cela comporte, comme de retrouver votre héros approprié par quelqu'un d'autre, qui ne le voit pas forcément comme vous. Crise de jalousie. Par exemple, vous mugirez que Syd Barrett n'a jamais cohabité avec le compositeur de Space Oddity, même si l'idée est séduisante du point de vue des tendances asilaires de The Man Who Sold the World.

Frisé. Car c'est au moment où David Bowie (ex-Jones) est en train d'enregistrer son premier album marquant que Néjib, dont on ne connaissait jusqu'alors que le travail d'illustrateur, prend le mythe en marche, officiant au scénario, dialogues, dessin et couleurs. Haddon Hall, c'est le nom du manoir où Bowie, sa femme Angie, Tony Visconti et toute une bande vont installer leurs quartiers : «C'était à la fin des glorieuses sixties. Ce jour-là, comme tant d'autres, le ciel de Londres était triste comme une tisane froide.» C'est d'ailleurs une des explications proposées ici au goût des jeunes Britanniques pour la pop : il pleut, que faire sinon brancher sa guitare ?

Néjib reconnaît volontiers s'être inspiré du trait délicatement frisé du grand Saul Steinberg (personnages à la 4-2 sans le 6, vues d'immeubles psychédéliques, empilement de formes stylisées) pour dessiner ses rassemblements enfumés et ses coupes de cheveux impossibles, le tout dans une palette de couleurs clashy à côté de laquelle