Par un curieux paradoxe, Dominique Wolton a consacré une vie de recherche à la communication sous les angles les plus multiples, parfois même les plus intimes, et il demeure convaincu de n'avoir jamais été tout à fait compris, ni vraiment reconnu. Après vingt-cinq livres, des centaines d'articles et une revue de référence (Hermès, CNRS), lancée il y a près d'un quart de siècle, tous consacrés à jeter les jalons d'une «théorie de la communication» !

S'il fallait illustrer la difficulté d'accorder l'émetteur et le récepteur, il en serait lui-même une illustration vivante, bruyante et passionnée jusqu'à l'excès. Souffrirait-il d'un léger complexe du minoritaire parmi ses pairs mandarins ? Ce serait faire fausse route, tant Wolton y a mis du sien et a pris un plaisir immodéré à s'exposer, à provoquer, à transgresser les frontières et à penser contre son temps. Indiscipliné, le titre de sa dernière somme qui embrasse trente-cinq ans de recherches, lui va comme un gant. A 25 ans, il consacre sa thèse à la libération des mœurs et aux nouveaux rapports hommes-femmes. Il est déjà fasciné par «les incompréhensions» et les «incommunications»que laisse entrevoir cet immense mouvement d'émancipation. Il met au jour les premiers indices de cette «révolution de la communication» - c'est-à-dire de notre relation à l'autre. Il ne cessera plus de tenir le même fil et d'en repérer les tissages infinis dans les univers les plus différents, le