«Cette demeure au charme suintant de ses pans est étourdissante de beauté et de singularités. Visitez les yeux grands ouverts et sous un déploiement d’ostentation et de magnificence les différentes et nombreuses pièces composant cette ancienne borderie.» (1)
En 1920 fut créée, à Bruxelles, une Académie des lettres afin d'éviter l'exode des écrivains en France et de sortir les lettres belges francophones «de leur âpreté et, pour tout dire, de leur sauvagerie» (2). Plus question de s'exiler ou, au contraire, de se complaire dans sa tanière : une normalisation at home. L'excentricité, égarée en chemin, a heureusement survécu là où on ne l'attendait guère, témoin l'annonce trouvée dans un gratuit à Liège et placée ici en exergue. Depuis, je guette les apparitions de ce rédacteur inspiré. J'adore déplacer en imagination, au fil des annonces immobilières, ma chambre d'écrivain. Peut-être parce que j'ai toujours eu deux maisons : la France et la Belgique.
«Qui a deux maisons perd la raison», dit l’adage. Mon deux à moi se subdivise encore, car mon enfance fut espagnole et, aujourd’hui, je vis en Flandre tout en nomadisant à l’envi. D’où ce fantasme d’un lieu unique, et pourquoi pas d’une «borderie», mot régional, vieilli, qui désigne une métairie. Qui l’ignore pensera peut-être à bord, frange, périphérie, ou à bordel, qui signifie à l’origine «petite maison».
Le Salon du livre de Paris coïncide avec la Semaine de la francophonie, ce machin qu’il est de bon t