The kid n'est pas adulte mais n'a jamais été enfant. Mal aimé, malmené, abandonné par les siens, mis au banc de la société, il est coupable d'un crime qu'il n'a pas commis mais fantasmé. Depuis, il porte un bracelet électronique et est contraint de vivre avec des criminels sexuels parqués sous le viaduc de Claybourne, en Floride. Il n'a jamais effleuré qu'une peau, celle de son unique compagnon, un iguane, et se trouve dans une solitude extrême jusqu'à ce qu'un professeur de sociologie s'intéresse à lui.
Dans le dernier roman de Russell Banks, l’enfer est sur Terre, les damnés sont parmi nous. Mais qui sont les véritables criminels ? Qui devons-nous condamner ? Qui devons-nous craindre ? A qui nous fier dans le monde dans lequel nous vivons ? Russell Banks n’apporte pas de réponses, mais, par la seule puissance de l’écriture, ébranle les certitudes, bouscule les préjugés.
Dans Lointain souvenir de la peau, vous incarnez, une fois de plus, des laissés-pour-compte, marginaux désespérés, des hommes et des femmes ordinaires qui tiennent debout malgré tout. Cette incarnation est-elle le moteur de votre écriture ?
Je crois que toute fiction est une expression de l’affection et de la compassion de l’auteur pour ses personnages. Lorsque j’écris, je suis comme un amoureux irrésistiblement attiré par un visage, une voix, un esprit, parfois même un corps (comme celui du professeur du roman) ou une âme (celle du Kid). Comment être attiré par le corps morbide et obèse du professeur, vous demandez-vous sûrement ? Parce qu’il est fascinant de saisir, grâce à la fiction, l’intimité d’un état que je ne pourrais jamais «éprouver» dans la vie réelle. Je ressens de la compassion et de la tristesse face à l’«énormité» physiq