Il a un jour laissé Marseille et la Joliette derrière lui, «Marseille à qui, confusément, je dois en vouloir aujourd'hui de ne pas être Alger», et embarqué à bord du Tarek Ibn Zyiad. Direction l'Algérie. «Alger ne se donne pas comme ça. Ce n'est pas vraiment qu'elle sorte de la nuit, elle a émergé d'un méchant brouillard, très lentement. C'est un épanchement monochrome, une ville blanche issue du blanc. Mais elle est là, à la terrasse d'une de ces baies inespérées du monde.»
Eric Sarner en a arpenté des continents, des pays, des îles, des routes - ainsi cette fameuse route 66 dont il a fait un film puis un livre -, mais il n’a jamais oublié Alger, sa ville natale, quittée à l’âge de 10 ans, peu avant l’embrasement. Cinquante ans après l’indépendance, l’écrivain voyageur a éprouvé l’irrésistible besoin d’y retourner pour observer le présent mais aussi comprendre le passé et pressentir l’avenir de ce pays particulier du Maghreb que les révolutions arabes ne sont pas (encore) parvenues à déverrouiller.
Il a ramené de ce voyage «en Algéries» un récit où s'entremêlent les rencontres de cette année passée et les souvenirs de l'ère coloniale, les petits détails du quotidien (le goût prononcé des Algériens pour le café au lait bien sucré, leur sentiment de ne connaître que la «malvie») et les beautés du paysage qu'il décrit avec les accents du poète qu'il est aussi («[Ghardaïa est] un labyrinthe brun sur fond jaune, ocre ou ros