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As ès pions

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Le cahier Livres de Libédossier
Percy Kemp. Apparaître dans l’affaire Karachi n’entame pas le flegme de l’élégant auteur anglo-libanais de romans d’espionnage.
publié le 20 mars 2012 à 0h00

L'habit ne fait certes pas le moine. Ou, comme disait Plutarque que l'intéressé chérit : «La barbe ne fait pas le philosophe.» Se défier des apparences est en outre un des commandements du journalisme. Mais avec Percy Kemp, ne serait-ce pas s'aveugler ? C'est spectaculaire, cet homme avance dans la vie en apparition tirée à quatre épingles, longiligne silhouette coulée dans des costumes à l'évidence taillés sur mesure. Dandy tous terrains, y compris lors d'une informelle soirée «brasucade» (dégustation de moules, avec les mains) au festival du roman noir de Frontignan, Hérault. PK en smoking, nœud pap' dénoué et fume-cigarette : c'était Gatsby on the beach.

Cet Anglo-Libanais est auteur, en français, de romans d'espionnage atypiques, hybrides, comme suspendus. «Héritier de John Le Carré» l'étiquettent journalistes comme quatrièmes de couverture. Lui-même assume l'influence de l'ex-membre du MI6 : «Si Kim de Kipling m'a appris le renseignement comme jeu d'observation et de rapport au monde, l'Espion qui venait du froid m'a révélé ce jeu en Grand jeu, d'un camp contre l'autre, pour la possession du monde.» On reconnaît effectivement l'appétence pour le mano a mano psychologique voire métaphysique, de préférence à la castagne pyrotechnique «james bondienne». Et le goût des personnages équivoques, flottants, plutôt que des Rambos unilatéraux. Mais l'écriture de Kemp présente une langueur bien spécifique, une propension à la di