Essais
William T. Vollmann Fukushima. Dans la zone interdite
D'où vient que, lorsqu'ils sont recueillis par cet original de Vollmann, les témoignages paraissent particulièrement vrais, et les horreurs bien réelles ? C'est peut-être que, contrairement aux psychanalystes, mais selon un principe semblable, qui accorde du prix aux mots, il paie les gens qu'il écoute. Il se fait raconter le tsunami. Mais il est là pour l'accident de la centrale de Fukushima. Opposé à l'énergie nucléaire, il cite Hiroshima à ses interlocuteurs, qui ne voient pas le rapport : «[…] la sidérale capacité de l'officiel japonais à ne dire absolument rien n'a d'égal que l'absurde degré de confiance que le grand public place en lui.» Il va le plus loin possible dans le Nord : «Je déambulai dans la zone interdite, rien que pour dire que je l'avais fait.» L'objet qui compte le plus, dans ce reportage, est le dosimètre. Cl.D.
Jean-Luc Nancy L'Equivalence des catastrophes. Après Fukushima
Est-ce scandaleux de rapprocher la question d'Adorno -«Faire de la poésie après Auschwitz» ? - de celle-ci : peut-on «philosopher après Fukushima» ? On a déjà rapproché Auschwitz d'Hiroshima, deux noms «qui répondent, avec leurs immenses différences, à une mutation qui aura été celle de toute la civilisation : l'engagement d'une rationalité technique au service de fins incommensurables avec toute fin jusque-là visée», int