«Tout est lié au nombre, aux oscillations de la masse des hommes, à court terme comme à long terme, à l'étage des réalités locales comme à l'immense échelle des réalités mondiales», écrivait Fernand Braudel dans son histoire de la «civilisation matérielle». Mais au nombre démographique, il faut désormais ajouter les données de l'âge pour appréhender dans la durée le monde qui vient. La transformation des âges de la vie a commencé à bouleverser les liens entre les générations et nos sociétés. Dans un double mouvement, en apparence contradictoire : le vieillissement se conjugue avec un rajeunissement. A tout âge de la vie, nous sommes de plus en plus jeunes - c'est-à-dire en meilleure santé - grâce aux progrès fulgurants de la médecine et aux changements de nos modes de vie.
Les conséquences de cette révolution sont si profondes qu'elles constituent encore un champ aveugle pour les sciences économiques. Mais de premiers travaux aident à en prendre la mesure. Un bel exercice de synthèse, pédagogique et nourri d'une pléiade de graphiques est né de la chaire Transitions démographiques et transitions économiques de l'université Paris-Dauphine et de la Fondation du risque. Les trois économistes, Jean-Hervé Lorenzi, Jacques Pelletan et Alain Villemeur, lui ont donné forme avec une même conviction : une nouvelle politique publique fondée sur cette mutation des âges de la vie permettrait à la France de retrouver des marges de manœuvre et de s'attaquer enfin aux vieux