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Critique

Médailles de sauvetage

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Jean Garrigues étudie l’engouement des Français pour «les hommes providentiels»
publié le 5 avril 2012 à 0h00

Si la France a subi, au XIXe comme au XXe siècle une kyrielle de crises, elle les a parfois surmontées en faisant appel à des hommes providentiels. Adolphe Thiers, Léon Gambetta, Pierre Mendès France, Charles de Gaulle… furent tour à tour convoqués à son chevet, où s'affairèrent aussi de plus sombres médecins - Napoléon III, Georges Boulanger ou Philippe Pétain pour ne citer qu'eux. L'historien Jean Garrigues entreprend de revisiter l'histoire contemporaine au(x) travers (si l'on ose dire) de cette maladie bien française.

Non que le modèle soit unique : quatre archétypes dominèrent, de César à Solon en passant par Cincinnatus ou Périclès. Qu’ils aient choisi de se référer à tel héros plutôt qu’à tel autre, nos grands hommes, ceci posé, ne tombèrent pas du ciel. Ils cultivèrent avec soin le don de prophétie, tenant des discours de Cassandre, affirmant que le peuple avait été trahi, pointant la décadence du pays tout en s’efforçant d’incarner l’espérance, de ranimer le souvenir d’un âge d’or et de vanter les vertus du rassemblement. Lorsqu’ils arrivèrent au pouvoir - ce qui ne fut pas toujours le cas -, ils surent exploiter l’état de grâce dont ils avaient bénéficié, maniant en orfèvres l’art du discours (Napoléon) et du bain de foule (Gambetta, De Gaulle), tout en soignant par l’image ou l’objet leur popularité - Pétain fut en la matière un maître inégalé.

Gares. Leur départ provoqua bien souvent incompréhension, pleurs et lamentations. De