Depuis jeudi dernier, et pour un certain temps, les cendres d'Antonio Tabucchi reposent au cimetière des Plaisirs, à Lisbonne, dans le caveau des écrivains. Car, oui, il existe au Portugal un caveau des écrivains. A l'entrée du joli cimetière, prenez la première allée à droite («Rua 6») et tout de suite sur tribord apparaît un sobre monument sur lequel est gravé «Escritores Portugueses». Au sol, une plaque égrène le nom des occupants. Le plus portugais des écrivains italiens clôt désormais la liste.
Cela ne signifie pas que tous les écrivains portugais, ou d’adoption, sont inhumés ici. Cela veut surtout dire que les places sont chères au cimetière des Plaisirs : un emplacement aurait récemment changé de mains et d’os pour plusieurs millions d’euros (un cimetière des Douleurs ferait probablement moins recette). Les Lisboètes, pour garder quelques cendres de littérature à proximité, se sont résolus à les regrouper dans une cave assez peu germanopratine.
Qui a le droit à sa petite case sous la pierre ? Qui est écrivain pour l’éternité, et qui ne l’est pas ? Il semble que cela soit l’Association portugaise des écrivains qui délivre les passeports pour l’au-delà. Imaginez pareille chose au pays de Molière et des Guignols. Imaginez qu’il y ait un caveau des écrivains au Père-Lachaise avec, disons, une centaine de places maxi. La Société des gens de lettres en serait le syndic. Le plus simple pour elle serait de décréter : premier arrivé, premier servi. Les plumes seraient e