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Libération

Au fin fond de Penurias, Miserias et Lamentos

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Le cahier Livres de Libédossier
publié le 11 avril 2012 à 19h06

J'en fais mon affaire est un polar lamentable, au sens le plus séduisant du terme. Diego Vecchio, lui-même auteur à l'Arbre vengeur de Microbes (Libération du 17 juin 2010), raconte dans sa préface que Mario Levrero, l'auteur uruguayen né en 1940 et mort en 2004 (son nom complet est Jorge Mario Varlotta Levrero et il publia aussi en tant que Jorge Varlotta), est fidèle au principe de Borges selon lequel une bonne histoire doit «toujours déployer deux intrigues : une fausse qu'on énonce vaguement au départ, pour égarer le lecteur, et une vraie, qui doit rester secrète jusqu'à la fin. Ainsi s'amuse-t-il une fois encore à détourner les mauvais genres, mettant le haut en bas et le bas en haut, mélangeant culture populaire et culture savante, déplaçant l'univers policier et judiciaire vers l'univers éditorial et littéraire». Le héros narrateur est un écrivain à insuccès qui reçoit bien de l'argent, mais pour découvrir qui est l'auteur d'un merveilleux manuscrit qui pourrait valoir à l'éditeur une subvention des «Suédois» (une fondation scandinave). Les indices sont plutôt maigres : Juan Pérez est le pseudonyme le plus banal qui soit et le cachet de la Poste indique que l'envoi provient d'une région dont il n'est pas nécessaire d'être hispanisant pour comprendre qu'elle n'est pas la plus riche et rieuse de l'Uruguay, puisque le manuscrit provient de Penurias, non loin de Miserias, Desgracias et Lamentos. Quand le narrateur demande à l'e