Menu
Libération
Critique

Legrand n’importe quoi

Article réservé aux abonnés
Le spleen du trentenaire dans un récit jubilatoire et brillamment emberlificoté
publié le 11 avril 2012 à 19h06

A-t-on remarqué comme, chez les trentenaires, les petits chats meurent en même temps que les histoires d'amour, comme il faut faire piquer l'un et l'autre avant de remballer ses affaires et son appartement «qui est le tien et le mien, c'est-à-dire celui de plus personne» ? Une véritable épidémie. «Je le regardai dormir. J'aurais voulu lui dire que j'étais désolé, désolé de laisser mourir tous ceux que j'aime, désolé de tout faire de travers et dans le mauvais ordre, désolé de toujours tout faire trop tard, désolé d'être Etienne Celmare, désolé qu'il se meure. Mais ce qu'il y a, c'est que je ne savais pas miauler. J'avais eu ce chat avec Iris.»

Ce n'est pas d'aujourd'hui que les oiseaux meurent et que les filles pleurent, de Catulle à Greuze, mais donc, ce n'étaient pas des chats, et puis le narrateur n'est plus avec Iris, mais avec Violette, et comme disait Godard, Tous les garçons s'appellent Patrick - car, a-t-on remarqué comme, chez les trentenaires, il est malaisé, une fois chaque histoire d'amour terminée, de se rappeler ce qui pouvait bien la différencier de la précédente ? Avec Styx Express, Stéphane Legrand choisit pour son déjà septième livre (il est né en 1975) un petit sujet, mais éternel, le blues de la jeunesse élégante. Rebaptisé «méditation littéraire sur la fiction de l'identité personnelle» par la quatrième de couv, le malaise de l'adolescence éperdue est ici pris sous l'aspect de la schizoïdie légère, où le sujet