Certes, il y a le précédent illustre de Walter Benjamin, qui y séjourna au début des années 30 et écrivit ensuite un essai sur la production des biens culturels. Mais il est quand même rare qu'un philosophe prenne Ibiza pour objet d'étude. C'est le cas d'Yves Michaud, l'inventeur de l'université de tous les savoirs, ancien directeur de l'Ecole des beaux-arts, spécialiste de l'empirisme anglais, professeur à Berkeley, à São Paulo et à la Sorbonne, qui, avec Ibiza mon amour, propose une enquête «au cœur de l'hédonisme contemporain». Il est vrai que rien de ce dont l'île est le symbole n'est étranger à la réflexion philosophique : le sexe, le plaisir, la fête, la drogue, la musique (disco, house et techno, non symphonies ou oratorios), l'argent, la licence ou la liberté. Mais Michaud ne livre pas une approche abstraite de ces thèmes : son livre vaut aussi bien comme guide touristique (ou plutôt analyse du tourisme), que comme enquête journalistique inside story, ou étude sociologique. Habitant San José plusieurs mois dans l'année depuis vingt ans, il peut en effet explorer, sur le mode de l'observation participante, les «mondes très différents qui coexistent à Ibiza», celui des bars et des discothèques, des escort girls, des «hordes» venant «prendre du bon temps ou se défoncer», et celui des «brassages cosmopolites», de l'«invention culturelle et de la beauté», de la «poésie», de la «r
Critique
Michaud bouillant
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Le cahier Livres de Libédossier
par Robert Maggiori
publié le 11 avril 2012 à 19h06
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