Son aura a dépassé le champ de la science-fiction. La stature d'écrivain de Philip K. Dick, goûté tôt en France, bien plus que chez lui aux Etats-Unis, lui confère une place à part ici-bas. Comparable à des auteurs qu'il affectionnait, un Lovecraft ou, d'après l'éditeur Gérard Klein (1), un «Edgar Poe (1808-1849), estimé en son temps et peut-être aujourd'hui encore avec une certaine distance par l'établissement littéraire de son pays alors que son succès fut en France rapide et durable grâce, certes, aux traductions de Charles Baudelaire». Par sa capacité à séduire des lecteurs bien au-delà du cercle des amateurs de SF et à transfuser dans d'autres disciplines artistiques, à l'image du Britannique J. G. Ballard. Peut-être parce que tous deux n'ont pas pris la science comme référence principale, préoccupés de préférence par le développement humain et une certaine vision de la société. Là s'arrête l'affinité, leur appréhension du réel diverge totalement.
Qu’est-ce qui est réel ? apparaît comme la question récurrente de l’Américain. Généreuse source cinématographique, son œuvre a même été labellisée postmoderne pour sa tendance à explorer les dérèglements sous-jacents de la société et les germes de destruction de la modernité. Il n’y a pas qu’une seule lecture de Dick, et se replonger dans certains de ses romans peut procurer le sentiment d’y découvrir de nouvelles grilles. A l’heure du trentième anniversaire de sa mort, le 2 mars 1982, et du chantier de réédition et de