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Critique

Double joug

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Nazi et soviétique, les totalitarismes en série en Europe de l’Est
publié le 18 avril 2012 à 19h06

Si Auschwitz symbolise, aux yeux de l’Europe occidentale, la barbarie nazie, l’Europe de l’Est porte un tout autre regard sur les crimes qu’elle subit des années 30 à la fin de la guerre, voire au-delà. Car aux massacres que perpétrèrent les nazis entre 1939 et 1944 s’ajouta l’imposition du joug stalinien, que cette domination ait été imposée avant la Seconde Guerre mondiale, comme en Biélorussie et en Ukraine, ou durant le conflit - à l’instar des Etats baltes ou de la Pologne. Ces régions, explique l’historien américain Timothy Snyder, furent bien des «terres de sang», puisque quatorze millions d’hommes et de femmes y furent in fine victimes des deux totalitarismes.

Staline, on le sait, laissa sciemment la famine se développer en Ukraine entre 1932 et 1933 afin de hâter une collectivisation que la paysannerie rejetait. Il s’employa surtout, par la terreur, à briser les identités nationales qui risquaient de borner un pouvoir soviétique tendant au fil du temps à se confondre avec la domination russe. Victimes, avant 1939, de la répression soviétique, les Polonais payèrent à nouveau un lourd tribut après 1939 quand les Soviétiques occupèrent, pacte Ribbentrop-Molotov oblige, l’est de leur pays. Moscou ordonna en effet la destruction des élites de la Pologne, massacre que le nom de Katyn suffit à résumer. Le totalitarisme rouge plaça ainsi la loyauté ethnique comme fondement de sa politique - un point qui le rapproche du nazisme.

Car les soi-disant races occupaient une place ce