On choisit ses auteurs comme on choisit ses amis. Ce qui est sûr, pour Pierre Drieu, c'est qu'on ne dînera pas avec. Outre qu'il est totalement dépourvu d'humour, son désir pour les femmes vire toujours au vomi dès les premiers mots. Ce n'est pas sa faute, dira-t-on, le sexe le dégoûte et d'Etat civil à son dernier texte, il n'apprend rien sur ce terrain-là : «Cette femme était immonde et il la désirait» (Gilles). On sait ce qu'il écrit de sa première épouse dans son Journal : «Je hais les juifs. J'ai toujours su que je les haïssais. Quand j'ai épousé Colette Jeramec je savais ce que je faisais et quelle saloperie je commettais. Je n'ai jamais pu la baiser à cause de cela.»
Chose couchée. Contrairement à Céline, son antisémitisme n'a pas même le mérite, si l'on ose dire, de le pousser au délire, de lui faire accoucher des monstres un peu ragoûtants. Sa haine est molle, elle est celle de l'époque, dont il adopte le style commun. Le juif, c'est la décadence, la perte de vitalité confondue avec la virilité, donc la femme. Fantasme banal de l'antisémitisme des années 30. Jadis, Wilhelm Reich expliquait que tous les nazis étaient plus ou moins des homos refoulés - cf. les Damnés de Visconti. On voit avec Drieu que c'est une incapacité à penser le moindre trouble identitaire. La femme est pour lui une chose couchée, rompue, jamais debout. La vraie vie est au contraire purement phallique. Dans un article de la