Où l'on se rappelle tout d'un coup comme c'était bath le genre du «salon». Qu'on nous prenne par la main et nous emmène devant les œuvres, nous montre un détail, raconte l'histoire. Non pour nous professer des choses dans le marbre, mais pour échanger : «Et toi, qu'est-ce que tu en penses?» On se raconte l'histoire de la fabrication du tableau, de ce qu'il y a dedans, donc aussi l'histoire de ceux qui regardent, l'histoire de comment on en est arrivé là, devant cette image, cet objet.
Quand c'est Hélène Cixous qui guide, elle est folle, enturbannée de voiles, elle entend aussi des voix - on rigole. Par exemple, à propos du bric-à-brac, saut de puces, où le peintre de Bruxelles Pierre Alechinsky aime à trouver l'inspiration, elle choisit le mot «Vrac» et invente une étymologie soudain cixousienne : «Vrac […] dont la Syllabe est brève comme une exclamation de Dieu devant la quantité astronomique de détritus de sa Création, gâchis des hommes sans mémoire et grenier d'idées scintillantes pour les archéologues du présent». Dieu éructant le mot «Vrac» devant les puces de Saint-Ouen, on n'y avait pas pensé, mais ça fonctionne.
D'Alechinsky, comme le titre l'indique et puisqu'il s'agit de création, Cixous prend la racine (et non racine). Ce livre d'images et de lettres (car il y a finalement moins ici de reproductions des toiles et gravures de «P.A.» que des matériaux de travail, souvenirs d'ateliers, épluchures d'oranges