Ludwig est né à Alexandrie, d'une mère néerlandaise et d'un père autrichien et artiste qui, un jour, n'est pas rentré à la maison. A 30 ans, il est pianiste de bar dans une petite ville anglaise où il a passé son adolescence. Entre-temps, la mère et le fils ont vécu dans beaucoup d'endroits, de Djerba à Cologne, on comprend qu'ils ont été étrangers partout. Seule permanence, leur intimité. «J'aimais la douceur enivrante de sa chambre à coucher, la chaleur de son corps contre le mien. Cela m'excitait. Il m'arrivait de me masturber après.»
Trottinette. Au début, donc, il y a Alexandrie, les cours de piano de madame Pastroudis, le Salon Trianon où sa mère lui commande une «Douceur Surprise» ou un «Oum Ali aux Noisettes», ils y croisent Omar Sharif. Le départ d'Alexandrie sera vécu comme un arrachement, même si la première étape est la ferme de l'oncle Gérard, dans le pays natal de Marthe. Du flan vanille en bouteille, une trottinette, un été à rêvasser, Ludwig regarde de loin les enfants qui plongent dans le canal. C'est le début d'un long périple, en fait l'errance d'un jeune homme à la poursuite d'une mère qui passe son temps à l'abandonner avec une désinvolture absolue.
On est souvent au bord du gouffre, il en faudrait peu pour que tout arrive, lynchage, meurtre ou inceste, et puis non. Même pas quand Ludwig tombe sur un film porno tourné par sa mère. Marthe a eu une courte mais remarquée carrière de star du porno chic. La découverte