Quels points communs y a-t-il entre un soldat qui casse sa pipe au siège de Sébastopol, un romancier malade ciselant sans fin des phrases sans points, des forêts d'eucalyptus, une famille indienne vivant au milieu des cochons et un académicien de petite taille ? La réponse se trouve dans l'ouvrage d'Erik Orsenna Sur la route du papier, dernier opus sur la mondialisation (après le coton et l'eau) dans lequel l'écrivain-conteur rend hommage à celui à qui il doit tout, comme il l'explique joliment en introduction de son livre (rédigé, comme les précédents, sur des feuilles blanches) : «Un jour, je me suis dit que je ne l'avais jamais remercié. Pourtant, je lui devais mes lectures. Et que serais-je, qui serais-je sans lire et surtout sans avoir lu ? […] Que serait ma vie sans raconter ?»
Comme Orsenna ne fait pas les choses à moitié et qu’il aime le vent du large, son enquête l’a emporté un peu partout dans le monde : depuis la Chine, où le papier vit le jour, jusqu’au Brésil, plus gros producteur mondial, en passant par la Russie, le Japon, l’Ouzbékistan, plusieurs pays européens et la criminelle Indonésie qui, en son nom, massacre ses forêts. Des dizaines de lieux et autant de belles rencontres, de métiers ancestraux dévoilés et de secrets jalousement gardés, dessinant un immense livre sur un produit omniprésent.
Papiers des temps jadis, précieux manuscrits racontant l’histoire des royaumes et des dieux, œuvres d’art, livres, cartons, journaux ou emballages de