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Libération
Critique

Kalach enragée

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Une fiction d’Oliver Rohe sur l’inventeur du célèbre AK-47, toujours bien vivant
publié le 9 mai 2012 à 19h06

Bon, alors, c'est pas très sympa. Ma dernière création est un piège à taupes. C'est nous les taupes ? Atteints de myopie ? D'autant que le visage sur la couverture plisse les yeux comme pour mieux voir, ou ne rien voir du tout, c'est selon. En réalité, le sous-titre indique que la cinquième fiction d'Oliver Rohe (qui écrit aussi des statuts très drôles sur Facebook) concerne «Mikhaïl Kalachnikov, sa vie, son œuvre», à savoir le célèbre AK-47, Avtomat Kalachnikova, fusil d'assaut inventé en 1947. Pour info et aussi incroyable que cela paraisse, M. Kalachnikov n'est toujours pas mort. Il a 92 ans. En revanche, le ministre français «déclarant avec un ton très spécifique fait de cabotinage arrogant, d'inconscience et de délire de toute-puissance : "Le président a raison, les médias, il faudrait les passer à la kalachnikov"» n'est quant à lui presque plus au pouvoir.

Fragmentation. Oliver Rohe entremêle trois voix. Normal pour un texte qui fut d'abord une pièce radiophonique. Voix d'une sorte de chœur qui dit «nous» et raconte notre désir de mort, glosant sur les avantages et inconvénients des artilleries disponibles, notant par exemple qu'«à observer maintenant une carte répertoriant pour nous les usines de fabrication, les arsenaux et les centres de stockage», on se rend com