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Libération

Post-partum présidentiel

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publié le 18 mai 2012 à 19h07

Pour un journaliste politique, il n’y a pas de question plus dérangeante : comment échapper à la tyrannie du quotidien, aux effets de loupe imposés par l’actualité, aux récits formatés, standardisés, relayés par des batteries de communicants et amplifiés par un ogre médiatique aussi affamé qu’invertébré ? Pour comprendre les ressorts cachés d’une campagne et juger de l’empreinte qu’elle laissera dans l’histoire, il faut pouvoir jouer à la fois d’un grand-angle et d’un téléobjectif, courir et prendre le temps de s’arrêter, pratiquer l’écoute flottante et saisir le mot qui jaillit et cristallise soudain un moment singulier, un tournant, un point de bascule.

Depuis quelque temps déjà, ce journaliste-là pratique le voyage au long cours et la longue distance du récit pour déchiffrer les liens complexes et tourmentés que les Français entretiennent avec leur plus vieille passion, la politique. Eric Dupin, ancien de Libération, a sillonné le pays un carnet à la main, alterné les tête-à-tête avec les candidats et les rencontres avec des électeurs de tous âges, professions et milieux sociaux, il a emprunté la grande route des meetings et les chemins de traverses qui conduisent là où nul ou presque ne va plus.

Raconter une campagne présidentielle, c’est raconter les névroses d’un pays. Au fil des pages du livre de Dupin, c’est l’image d’une France déboussolée qui apparaît comme dans le bain d’un révélateur. Des électeurs, nombreux, qui ont misé à chaque échéance sur un cheval di