Menu
Libération
Critique

Ça sent la chair fraîche

Article réservé aux abonnés
Megan Abbott et Michael Connelly sur la piste d’enfants disparus
publié le 30 mai 2012 à 19h06

La disparition d'un enfant, fatale ou non, fait partie des «marronniers» du roman noir. C'est a priori le frisson assuré : l'innocence en danger, la vulnérabilité exposée à la perversité, l'incontestable Bien versus l'injustifiable Mal, etc. Un film comme The Pledge de Sean Penn atteste très bien cette donnée binaire : obsédé par le meurtre d'une gamine, l'ex-flic joué par Jack Nicholson se convainc d'un probable bis repetita et dans son sillage, sous tension, le spectateur se mue spontanément en vigile attentif au moindre bruit de balançoire.

Volte-face de Michael Connelly s'inscrit dans un schéma classique. Il y a vingt-quatre ans, Melissa, 12 ans, a été enlevée alors qu'elle jouait dans le jardin avec sa sœur, son corps a été retrouvé quelques heures plus tard dans une benne à ordures. Mais Jason Jessup, l'homme qui a été condamné pour son meurtre, obtient la révision de son procès grâce aux progrès en matière d'ADN : la tache de sperme que présentait la robe de Melissa l'innocenterait. Une perspective que le livre présente comme insoutenable, vu l'attitude de Jessup, hâbleur, roublard, provocateur. Sans compter qu'à peine libéré sous caution, Jessup fait des trucs bizarres la nuit, dans un parc. Personnage fétiche de Connelly, l'inspecteur Harry Bosch le suit à la trace, tandis que son demi-frère, l'avocat Mickey Haller d'ordinaire du côté de la défense, est enrôlé pour mener l'accusation. Au total, un polar de prétoire sur fond de famille sacca