Une démocratie se réduit-elle au principe de majorité et au suffrage universel, s'exprimant de temps à autre ? Ou doit-elle être «participative», de sorte que la voix des citoyens, éduqués, conscients de leurs intérêts, soit capable de servir de médiation entre la société et l'Etat et d'orienter les choix politiques de ce dernier ? Voilà une réponse : «Un gouvernement de "techniciens" dans lequel les masses n'ont pas la possibilité d'informer les experts quant à leurs exigences ne peut être rien d'autre qu'une oligarchie défendant les intérêts de quelques-uns. Le monde a davantage souffert par œuvre des dirigeants et des autorités que par celle des masses.» Est-elle d'un fougueux théoricien d'«extrême gauche» ? Figure-t-elle dans un éditorial publié hier sur la crise de la gouvernance européenne, sur la Grèce, l'Espagne ou l'Italie ? Elle est tirée de The Public and its Problems, un ouvrage de… 1927, deux ans avant le krach boursier. Son auteur : John Dewey, «the quiet man», le timide et mesuré Dewey, homme généreux et affable, d'une haute élévation morale, travailleur infatigable, que Bertrand Russell - en quelque sorte son alter ego britannique, en plus excessif - a pu définir comme le plus important philosophe américain du XXe siècle.
Egalité. John Dewey est né dans le Vermont, à Burlington, le 20 octobre 1859, la même année que Husserl ou Bergson. Mais il a vécu si longtemps - il est mort de pneumonie à New Y