Fiona Kidman faisait partie de la délégation de Néo-Zélandais accueillis en France en 2006 pour «Les Belles Etrangères». Elle était venue avec un roman, Rescapée (Libération du 16 novembre 2006), et elle est de retour ce printemps avec son dernier recueil de nouvelles, Gare au feu. Le feu qui dévaste ou réchauffe, qu'on entretient ou ne maîtrise pas, le feu qui couve ou embrase : métaphorique ou concrètement liée aux récits, où prédomine la vie rurale, une flamme court d'un texte à l'autre, mais ce n'est pas ce qui saute aux yeux (et vous met des larmes dedans). Les nouvelles de Fiona Kidman sont imprévisibles, c'est leur qualité première. Elles font en cela penser à la Canadienne Alice Munro, même classe, une sorte de cousinage.
La première histoire, qui se passe à Alderton, nom choisi par l'auteur pour désigner la typique petite ville de son enfance, évoque le souvenir d'une idylle enfantine et achoppe sur la vulgarité du mot «con». Dans «Préservation», trois amies d'adolescence, dont l'une est en prison, sont impliquées dans un bref trafic macabre. Ayant revêtu un cadavre le temps de l'exposition du corps, une robe neuve hors de prix est rendue au magasin, avant de connaître une seconde vie. «C'est une histoire fantastique, dit Fiona Kidman, et elle en rit encore, que j'ai lue il y a quinze ans dans un journal. Je l'ai mise de côté, puis je l'ai retrouvée et l'ai écrite comme si elle s'était passée la veille.» Beaucoup