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Libération

Catastrophe nationale

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publié le 1er juin 2012 à 19h06

Dans le vocabulaire un peu fruste des commissariats de police, on appelle ça une cellule de dégrisement : un lieu plutôt austère où l'on place, pour qu'elles retrouvent un brin de lucidité, des personnes ayant causé des troubles à l'ordre public du fait de leur ivresse. Une sorte de douche froide pour calmer l'esprit et prendre le temps d'accepter de regarder à nouveau le réel au fond des yeux. C'est ici que Jean-François Kahn semble vouloir embastiller tous ceux - il en a comptabilisé beaucoup - qui se sont réjouis trop bruyamment, à son goût, de la victoire de François Hollande. «Ah, les pauvres ! Ils croient qu'ils ont gagné», souffle en ouverture ce grand adepte du journalisme à l'estomac, qui dénonce, ni plus ni moins, «la catastrophe du 6 mai 2012».

L'auteur n'a aucun penchant pour la compassion, et il attaque bille en tête, à grands coups de formules à l'emporte-pièce et avec une lecture singulière des messages que les électeurs ont glissés dans les urnes lors des deux tours de la présidentielle. Si les Français ont «éjecté», «viré», «dégagé» le candidat sortant, ils n'ont été séduits ou mobilisés par aucun grand dessein à la hauteur d'une situation historique, et surtout pas par celui, «bien pâlichon», de François Hollande. Ce qui se cache vraiment derrière le verdict électoral du printemps, c'est l'arrivée prochaine au pouvoir «d'une droite contre-révolutionnaire, comme on la baptisait au XIXe siècle, <