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Libération

Cette crapule de Leonardo

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publié le 15 juin 2012 à 19h07

Au chapitre des mystères romancés, il y eut au XIXe siècle pléthore. Entre autres, ceux de Paris, feuilletonnées par Eugène Sue (1843), ou ceux de Lisbonne, écrits par Camilo Castelo Branco (1854). Et New York à cette même époque ? Pas grand-chose en rayon sinon, en tirant un peu sur l'élastique, les nouvelles d'Arthur B. Reeve (1880-1936), et particulièrement les multiples aventures du Pr Craig Kennedy. Dieu sait pourtant que, pour ce qui est des bas-fonds, l'île de Manhattan fut à la fin du XIXe siècle fertile en faits divers canailles et autres vilenies excitantes. Une zone de brigandages hors la loi, directement importée des ports interlopes de la vieille Europe, Hambourg, Amsterdam, Londres, Dublin, Marseille…

Cette photographie, prise en 1887 dans une venelle parallèle à l'actuelle Mulberry Street (quartier de Little Italy), vaut bien des fictions et permet de s'écrire tout un roman. Ne serait-ce que parce que ce coupe-gorge évident était surnommé «le perchoir des bandits». De fait, ce sont quelques drôles d'oiseaux qui semblent y nicher. C'est un regard inquiétant qu'ils jettent tous au photographe. On repère illico qu'il en est un qui tient un gros bâton ne demandant qu'à sévir et que cet autre, au premier plan, à une main glissée dans sa poche, les doigts probablement crispés sur un surin ou un colt.

La seule femme, accoudée à une fenêtre, n’est pas la moins inquiétante. Cette madame Thénardier new-yorkaise fait l’effet d’une