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Libération
Critique

Conte. Exclusion en terre d’oc

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publié le 15 juin 2012 à 19h07

Ces deux cents pages se lisent comme un conte : où un enfant de la plus basse extraction mais doué d'esprit, Riquet à la houppe version lumpenprolétariat agricole, avec l'aide d'une femme fée, finit par s'imposer aux plus grands. C'est un conte historique, où tout est décrit à la manière d'un Le Roy Ladurie des terres d'Oc et de France au XVIIe siècle. C'est un monde où des populations sont encore tenues à l'écart des villages comme ont pu l'être leurs aïeux pestiférés.

Mais ce roman de Jean-Jacques Rouch pourrait aussi être une fable contemporaine basée sur l’exclusion. Laquelle apparaît comme ayant les mêmes ressorts, qu’elle s’exerce dans les campagnes du temps des rois ou dans les cités de notre république.

Cependant, la fable est heureuse, non pas que ses héros et héroïnes se marient à la fin et aient beaucoup d'enfants, mais parce qu'elle donne des clefs pour combattre ces exclusions : ne jamais désespérer, d'abord, de ce que peut produire une politique plus ou moins éclairée et qu'il n'est pas interdit de forcer un peu… Ne jamais se soumettre ensuite. Ni à la loi, écrite ou non, du plus fort. Ni à celles, dites du bon sens, qui façonnent des comportements et une morale populaire contraignant chacun à la retenue. Jean le Cagot explique ainsi aux siens que «la prudence, c'est le cimetière des ambitions».

Victor Hugo faisait dire à Thémistocle que «ce sont les imprudents qui ont raison». Stéphane Hessel appelle à s'indigner et à résister. L'hist