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Libération
Critique

Elevée au sein des massaïs

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Récit d’une mission familiale d’ethnographie au Kenya.
publié le 15 juin 2012 à 19h16

C'est un de ces récits qui bercent les enfances, celui de guerriers dans la savane, de cérémonies d'initiation au rythme des tambours, de régime alimentaire à base de viande d'animaux tout juste tués et de sang bu à même la gorge de la bête, de vie quotidienne au manyata (village massaï cérémoniel où sont regroupées toutes les familles comprenant un guerrier), d'impalas traqués par des léopards tapis à l'ombre des acacias… Mais c'est aussi une incroyable histoire de femme(s). A l'ombre des hommes-lions raconte le destin de l'ethnologue Jacqueline Roumeguère-Eberhardt qui, un jour de 1966, pour l'amour d'un guerrier massaï, a quitté son mari, embarqué ses trois enfants dans une jeep, et adopté le mode de vie massaï, acceptant de partager sa vie matrimoniale avec deux, puis trois, puis six et enfin huit autres épouses.

Six ans après la mort de cette femme hors norme, qui a rempli des dizaines de cantines en fer de ses écrits uniques - car puisés à la meilleure source - sur ce peuple du Kenya, sa fille, Isabelle Roumeguère, a enfin osé prendre la plume. Et le résultat se dévore comme un roman d'aventures. Tout y est : l'amour, la traque, la mort, la jalousie. Elle y dresse le portrait de son beau-père Oka et de ses huit «petites-mères», raconte ses premiers jouets (fleurs, graines et scarabées morts), ses premiers émois et, enfin le choc du départ, à 18 ans, quand vint l'heure de retrouver la France, Olaya pour les Massaïs, le pays «au-delà de la m