Tino, 11 ans, Argentin, fils d'un magnat mafieux en fuite et harcelé par la presse, est comme Maisie, fillette anglaise dont les parents divorcent et de qui Henry James écrit : «L'avenir de l'enfant était assuré, mais le nouvel arrangement était certes fait pour confondre toutes les notions dans une jeune intelligence intensément sensible au fait que quelque chose de très important s'était sans doute passé, et cherchant autour de soi avec anxiété les effets d'une si grande cause.»
L'avenir de Tino est assuré, mais les tentatives d'enlèvement dont lui et ses sœurs sont victimes, l'omniprésence de gardes du corps plus ou moins cyniques, le dépeçage audiovisuel de son père, l'entrepreneur Razzani, la révélation opaque et progressive de ses activités, ses disparitions soudaines et ses apparitions clandestines, la dépression de sa mère, l'agressivité de «sa meilleure ennemie» Maïa, les déménagements mystérieux de Buenos Aires à Punta del Este, tout cela fait que, comme Maisie, le voilà pris pour confident «par des passions sur lesquelles [il] fixait le même regard ébahi qu'[il] aurait pu avoir pour des images se poursuivant sur un mur à travers une lanterne magique». La lanterne magique, ici, est activée et surchauffée par les médias qui campent devant les maisons familiales.
Cependant, l'auteur de la Fureur de la langouste, Lucía Puenzo, n'est pas Henry James. C'est une cinéaste argentine de 35 ans qui a publié trois romans, ou, si l'on préfère,