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Interview

«Notre idéal républicain est du pur romantisme»

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Relecture avec Alain Vaillant d’une notion moins esthétique qu’il n’y paraît
publié le 20 juin 2012 à 19h07

Spécialiste de Baudelaire, du rire et des médias, Alain Vaillant propose une nouvelle lecture du romantisme à la lumière de la mondialisation et de la révolution médiatique. Un dictionnaire sans frontières qui illustre une nouvelle manière d’écrire l’histoire littéraire.

Quel est le projet de cette «entreprise d’interprétation générale du romantisme» ?

Réunir une suite de notices sur les écrivains, les artistes, ou les œuvres célèbres du romantisme n’aurait eu aucun intérêt. Mais nous avons voulu nous servir de la visée encyclopédique du dictionnaire pour proposer une interprétation historique à la fois globale et nouvelle du romantisme, et cette histoire doit absolument partir des réalités sociales, économiques, politiques, religieuses, avant de conduire à l’esthétique ; elle doit aussi se situer, non pas à l’échelle de la France, ni de l’Allemagne, ni même de l’Europe, mais du monde. C’est ce parti pris authentiquement historique qui me semble caractériser notre dictionnaire : il réunit 32 spécialistes, historiens et littéraires, français et étrangers, autour de ce projet commun.

«Romantisme», «romantique», sont devenus d’un usage interchangeable. Vous allez jusqu’à demander : «Le romantisme existe-t-il ?»

L'usage commun existe et il est au moins aussi légitime qu'un autre. Dire d'un amoureux qu'il est romantique implique une sorte d'idéalisme ou de sublimation de l'amour qui est une composante du romantisme. Mais disons qu'aujourd'hui, le romantisme s'est replié sur la sphère privée. Oui, le romantisme est difficile à définir, mais il n'est pas pour autant indéfinissable, comme on le dit si souvent, paresseusement, de toutes les réalités un peu subtiles. Pour ma part, je le définir