Avant que Rimbaud ne parte «trafiquer dans l'inconnu» en Abyssinie, il y eut plusieurs répétitions de grands départs. Rimbaud à Alexandrie, Rimbaud à Chypre, Rimbaud soldat dans l'armée coloniale néerlandaise… C'est cet épisode, datant de 1876, quatre ans avant la fuite à Aden, que Jamie James, ancien critique d'art du New Yorker établi en Indonésie, raconte dans un livre à couverture mauve, couleur de demi-deuil.
Ce chapitre de la vie de Rimbaud reste mystérieux, car il n’a laissé aucune trace écrite au cours de cette année, et n’aurait pas dévoilé à ses compagnons d’armes son passé de poète. Si bien qu’aucun livre du type «j’étais soldat avec Rimbaud» n’éclaire la période.
Hivernage. Jamie James raccorde tous les éléments connus et déjà exploités, à partir notamment des archives militaires néerlandaises. Il prévient : son «essai ne contient aucune révélation fracassante», mais il avance des pistes, rappelle les hypothèses concurrentes et dessine l'arrière-pays de cette aventure. En mai 1876, Rimbaud a 21 ans et en a fini avec Verlaine. Leur dernière rencontre avait eu lieu un an auparavant. Verlaine, sorti de prison, était venu à Stuttgart pour tenter de ramener son ex-amant dans le giron de l'Eglise. En vain. L'auteur des Illuminations se fait une fois de plus sarcastique dans une lettre à son ami Ernest Delahaye : «Verlaine est arrivé ici l'autre jour, un chapelet aux pinces… Trois heures après, on avait renié son di