Un professeur dans une école de commerce a soumis un problème de gestion des ressources humaines à des groupes séparés d’étudiants français, allemands et anglais. «L’étude de cas» porte sur un conflit entre deux départements d’une même entreprise. Pour le résoudre, le groupe des étudiants anglais a proposé d’accroître la communication entre les deux départements, les Allemands ont suggéré d’établir des règles précises et intangibles afin que le problème ne se pose plus dans le futur. Quant aux Français, ils ont recommandé… de renvoyer le problème à l’échelon hiérarchique !
Cette petite histoire - que l'on pourrait adapter à la crise européenne - racontée par trois économistes, Yann Algan, Pierre Cahuc et André Zylberberg, dit mieux qu'aucune autre combien les facteurs culturels orientent et façonnent les relations collectives. L'esprit monarchique continue d'inspirer l'ordre d'un système français plus hiérarchique que partout ailleurs en Europe. Dans l'éducation, dans le travail, dans le rapport au politique, le modèle vertical impose encore sa loi. En tombant d'en haut, l'autorité ne se construit pas, elle n'implique pas, elle ne fabrique pas du lien et de la coopération entre les élèves, les salariés ou les citoyens. Pour ces trois chercheurs, c'est la clé de cette «crise de défiance» qui singularise la société française.
Ils pointent également deux autres facteurs aggravants tirés eux aussi de la longue durée braudélienne : la Première Guerre mondiale a porté un co