La 404 fut un fameux modèle de chez Peugeot, c'est aujourd'hui le symbole d'une impasse : «Error 404 File Not Found», répond Internet quand on lui demande d'afficher une page qui n'existe plus. Internet pourrait nous causer plus gentiment mais il n'a pas été conçu pour ça, ni comme ça. Des fois, il répond : «Error 403 Forbidden.» Cela veut dire que la page existe mais qu'il est interdit de la consulter. Interdit par qui ? Il arrive que ce soit par les pouvoirs publics. On peut parfois parler de censure. Le haut conseil de l'internetterie vient d'être saisi d'une proposition visant à rebaptiser «Error 451» ce type de refus d'accès. Les promoteurs de l'initiative entendent ainsi faire un clin d'œil amical à Ray Bradbury, décédé récemment, et à son Fahrenheit 451, roman peignant un monde où posséder un livre - et a fortiori le lire - est un crime.
Cette proposition est triplement idiote. D'abord, Bradbury avait clairement fait savoir son peu d'enthousiasme pour le grand réseau, qualifié par lui de «vaste diversion» qui «n'a pas de sens, pas de forme». Un peu avant les autres, l'écrivain avait compris qu'Internet allait nous faire perdre plus de temps qu'il ne nous en ferait gagner. Ce serait donc un contresens majeur que d'associer le nom d'une de ses œuvres à la nomenclature des erreurs du néant cybernétique.
Ensuite et surtout, Internet, en tant que vecteur du livre numérique, fait mieux que de rendre inéluctable la dystopie