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Libération

Robert Sabatier, Labat et au-delà

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Disparition . Avec «les Allumettes suédoises», l’écrivain de Montmartre avait marqué la littérature populaire.
publié le 28 juin 2012 à 22h36

On ouvre la mémoire de Robert Sabatier. Surgissent d'abord les souvenirs d'enfants. On a lu les Allumettes suédoises (plus de 3 millions d'exemplaires vendus depuis sa sortie) et les Noisettes sauvages quand on avait 10 ans. Il y avait de jolies phrases, comme : «L'enfant passa le bout de ses doigts sur ses lèvres, effleura sa joue humide, glissa sur des yeux verts trop grands pour son visage, écarta une mèche de longs cheveux dorés qui retomba aussitôt sur son front. Il respira longuement, à petits coups, l'air chaud, poussiéreux.» A l'époque, on n'avait pas remarqué l'écho sonore entre les titres de ces bestsellers : «-oise», «sau-» et «sué-», puis «-ette», de la poésie à l'état simple.

«Déconné». Plus tard reviennent à l'esprit les impairs de l'écrivain, surtout en l'an 2000. Robert Sabatier, membre de l'académie Goncourt depuis 1971, était invité au jury de Miss France. Là, tentant une plaisanterie, il estimait qu'il faudrait pouvoir essayer les Miss avant de leur attribuer une note : «Est-ce que quelqu'un va acheter une voiture sans l'essayer ?» Il avait 77 ans. Il se repentit aussitôt, avouant avoir «déconné». Sans doute un reste de sa fréquentation assidue des Grosses Têtes de RTL. Quelques semaines avant, le 30 octobre 2000, alors que l'écrivain ivoirien Kourouma recevait le Renaudot, Robert Sabatier s'épanchait sur France Culture : «Nous n'avons pu accorder le Goncourt à Ahmadou Kourouma du fa