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Critique

Cuisine rouge pour Pepe Carvalho

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Le cahier Livres de Libédossier
Meurtre chez les communistes, le privé de Montalbán enquête
publié le 11 juillet 2012 à 19h07

«Sherlock Holmes jouait du violon. Moi, je cuisine» : ainsi se définit le détective barcelonais d'origine galicienne Pepe Carvalho dans Meurtre au Comité central. Il vient d'utiliser des aiguilles à tricoter pour larder un morceau de thon qu'il remplit d'anchois. Les aiguilles appartiennent à la jeune communiste qui l'accueille, ne dispose d'aucun ustensile et voudrait coucher avec lui. Un bon cuisinier est comme un bon détective, il doit savoir improviser. A ce jeu, Carvalho n'est pas moins efficace que le célèbre autiste anglais. Il ne prend pas de cocaïne, mais il aime les tripes et brûle les livres qui lui rappellent sa jeunesse.

La cinquième de ses aventures, devenue introuvable, clôt ce premier volume où sont également réédités Tatouage (1974) et les Mers du Sud (1979). La Solitude du manager (1976) viendra en octobre dans un second volume. Partout, on retrouve ou découvre l'humour, la culture, le plaisir, la finesse, le sens populaire de la ville et de l'Histoire, dont disposait et que dispensait à parts égales Manuel Vázquez Montalbán, mort en 2003 à l'aéroport de Bangkok.

Meurtre au Comité central est publié en 1981, pendant la période dite de «transition», un an avant la tentative de coup d'Etat post-franquiste. L'auteur imagine que le secrétaire général du Parti, qui rappelle l'increvable Santiago Carrillo, est tué pendant une séance du Comité, dans le noir. Le coup ne peut venir que d'un de ses membres. Lequel e