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Critique

Depardon, Jeux d’ombres et de lumières

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Le cahier Livres de Libédossier
La carrière olympique du photographe
publié le 11 juillet 2012 à 19h06

Peut-être fallait-il la photographie officielle de François Hollande pour qu'on s'en aperçoive : Depardon, c'est l'entrée en scène. Comment on sort de la coulisse, avance à pas réglés, timides, décidés, c'est selon. On reste un peu bras ballants, on ne sait pas forcément comment se tenir. Un truc pour les apprentis acteurs. Dans la photo du nouveau président, il y a (à cause des arbres) quelque chose du Gilles de Watteau, grand corps d'Etat malade, homme en proie et pourtant planté droit. Déjà, dans le cinéma de Depardon (1974, Une partie de campagne, Reporters, Faits divers, etc.), c'est ce mi-chair mi-poisson qui fascinait.

J.O. rejoint d'autres livres de Depardon dans la collection Points. Son droit d'inventaire, il se le fait seul. Tout au long du recueil, qui va de 1964 à 1980 et de Tokyo à Moscou, l'artiste s'amuse à noter ce qu'il a raté (le geste de refus des Noirs américains à Mexico en 1968, par exemple). Photographe sportif, c'est comme au Festival de Cannes, ça consiste à être coincé derrière une ligne avec un téléobjectif, sans maîtrise sur le point de vue. Depardon n'est pas ça. Il shoote donc à côté des Jeux, dans les rues, aux abords des épreuves.

A Moscou, la plupart des pays boycottent le stade. Le photographe délaisse alors la compétition, part encadrer les Moscovites sur les trottoirs. Jeunes filles diaphanes à la mode, couples rugueux et enlacés, apparatchiks à lunettes noires. «Je décide de boycotter ces Je