Des philosophes ou des écrivains tels que Massimo Cacciari et Roberto Saviano, des acteurs et des humoristes en ont cité des extraits sur les plateaux de télévision, ou en ont fait des lectures publiques… Il est vrai que la similitude est frappante entre le constat de la catastrophe morale, civile, «anthropologique», sinon esthétique, à laquelle Berlusconi et ses alliés de la Ligue du Nord xénophobe ont conduit l'Italie, et celui, amer, que dressait il y a plus d'un siècle et demi Giacomo Leopardi dans son Discours sur l'état actuel des mœurs des Italiens.
Le plus grand poète transalpin a 25 ans lorsqu'il rédige cet essai sur la mentalité, la psychologie, la moralité de ses compatriotes. Il revient de Rome. Déçu, tant par la ville que par ses habitants ou la vie culturelle. Le voyage l'a cependant sorti de la solitude de Recanati, son «natal bourg sauvage» où, dès l'âge de 7 ans, il avait travaillé sans trêve dans la bibliothèque de son père, dévoré tous les livres, appris le latin, le grec, l'hébreu, et écrit des traités érudits d'astronomie, d'histoire, de philologie - jusqu'à s'abîmer définitivement le dos et les yeux -, puis nombre de ses idylles et chansons, dont son chef-d'œuvre, l'Infini. C'est en 1824-25, au moment même où il se met aux Petites œuvres morales (1), qu'il rédige son Discours, qui n'est cependant publié que soixante ans après sa mort, en 1906, quand il est déjà un «patrimoine national».
Dans les deux dernières